Billet de mauvaise humeur
Détrompez vous, je rentre de vacances reposée, en pleine forme et d’excellente humeur. J’espère que c’est le cas de nombre d’entre vous. Je souhaite aujourd’hui partager un sujet d’inquiétude concernant la mauvaise humeur et ses conséquences sociétales, et notamment sur un phénomène de plus en plus répandu mais que je refuse de considérer comme acceptable.
Lors de ces dernières semaines j’ai pu prendre l’avion, acheter un appareil multimédia et aller aux urgences à l’hôpital. Le lien entre tous ces lieux ? Une petite affiche près de la personne en charge de l’accueil qui nous enjoint à parler au personnel avec respect et sans agressivité. Parfois il est même de mise de rajouter que des comportements outranciers peuvent vous valoir des poursuites. Ces affiches fleurissent depuis quelques années, c’est un mouvement récent qui m’interpelle. Vers quels genres de relations humaines évoluons nous ? Je ne suis pas spécialement naïve et un passage par le métier du commerce m’a fait réaliser que certaines personnes parlent comme des chiens à d’autres sous prétexte qu’ils sont clients (ou même patients ce qui interpelle même plus…). Plus récemment lors de formations à la gestion des tensions auprès de personnel en lien direct avec le grand public, et notamment les hôtes et hôtesses de caisse, j’ai pu réaliser que le phénomène va crescendo. Pourquoi nous en arrivons nous là ? Quel est notre responsabilité individuelle comme collective ?
Tout d’abord je m’interroge sur la normalisation des invectives par le biais des réseaux sociaux. Il est devenu classique de donner son opinion de manière tranchée voire déplacée derrière son écran. Plus rien n’est épargné. Même le réseau LinkedIn auparavant très pro et avec du contenu vraiment instructif peut parfois devenir une sorte de défouloir sur lequel récemment on a pu voir s’opposer de façon virulente des pro et anti vax/pass sanitaire, les « va falloir que les français se mettent au boulot » et les autres, j’en passe et des avis aussi modérés que constructifs… Ce n’est bien entendu pas la notion de débat que je remets en cause, le débat est constructif, il est démocratique, il nourrit notre société. C’est plutôt la manière dont on peut exprimer son opinion ou son mécontentement. Ce même mécontentement ou désaccord peut être entendable par un employé de compagnie aérienne par exemple, mais peut on communiquer ses besoins sans colère ?
Clairement j’identifie ce trop plein d’agressivité comme une mauvaise gestion des émotions et souvent trop de stress. Un surplus de stress nous rend irritables, la colère et la peur qui sont des émotions humaines et naturelles, deviennent simplement ingérables et une personne parfaitement civilisée peut se mettre à engueuler l’employé d’un magasin ou un infirmier qui ne fait que son travail.
Si chacun d’entre nous balaie devant sa propre porte en faisant un petit travail personnel sur comment nous vivons et répercutons les émotions dans notre société, nous verrons peut être ces petites affiches disparaître…
